- LETTONIE (RÉPUBLIQUE DE)
- LETTONIE (RÉPUBLIQUE DE)LETTONIE RÉPUBLIQUE DEÀ l’été de 1995, la Lettonie avait entamé son intégration à l’Ouest. En matière de sécurité tout d’abord. Elle s’est engagée dans le Partenariat pour la paix le 14 février 1994 malgré les pressions de la Russie qui s’oppose catégoriquement à l’idée d’une éventuelle intégration des pays Baltes dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. Elle est aussi depuis le 9 mai 1994 partenaire associé de l’Union de l’Europe occidentale. Les exigences européennes en matière de stabilité à l’Est ont conduit la Lettonie à adhérer au «pacte de stabilité en Europe» conclu le 21 mars 1995, avant de signer le 12 juin 1995 l’accord prévoyant son association à l’Union européenne en 1999 au terme d’une période de transition. Le 18 juillet 1994, elle avait signé avec celle-ci un accord de libre-échange (exception faite des produits agricoles) entré en vigueur le 1er janvier 1995. Les réformes politiques et économiques entreprises depuis son indépendance lui ont ainsi permis de rejoindre les pays d’Europe centrale et orientale qui souhaitent comme elle adhérer à l’Union européenne. En quatre ans, la Lettonie a réussi à remettre sur pied ses institutions et à retrouver une vie politique indépendante, mais pas encore stable. Sa Constitution (système parlementaire) d’avant guerre a été remise en vigueur le 6 juillet 1993, jour de l’élection de Guntis Ulmanis (Union rurale) à la présidence de la République. Les 5 et 6 juin 1993, les premières élections législatives qui avaient permis la reconstitution du Saeima, le Parlement d’avant guerre (100 membres), ont été marquées par la défaite du Front populaire, divisé, qui s’est fait devancer par la coalition Voie lettone-Union rurale, et par la réélection d’Anatolij Gorbunovs, président du Parlement. Mais en juillet 1994, lors de la dissolution de la coalition due à un différend sur la politique économique et sur les questions agricoles, le Parti conservateur, vainqueur des élections locales organisées quelque temps plus tôt le 29 juin, a tenté de former un gouvernement de droite sans succès faute d’être soutenu par la majorité des députés. Le gouvernement de Maris Gailis, finalement formé par la coalition Voie lettone-Union politique des économistes, n’a pas non plus été épargné par les querelles internes. Pour sa part, l’Union rurale a, à l’été de 1995, passé un accord avec les chrétiens-démocrates en vue des élections législatives du 30 septembre 1995. Plus que l’Estonie ou que la Lituanie, la Lettonie a été gênée dans sa politique de réformes par la présence russe. Quartier général de l’armée soviétique sur la Baltique du fait de la situation stratégique du port de Riga, la Lettonie comptait encore 12 000 militaires russes sur son territoire lorsqu’elle a signé avec la Russie le 30 avril 1994 un accord prévoyant la fin du retrait des troupes russes pour le 31 août 1994. Ce facteur d’instabilité a d’autant plus pesé sur l’indépendance lettone qu’il a été accompagné, d’une part, du problème des retraités de cette armée résidant en Lettonie et, d’autre part, des déclarations menaçantes venant de Moscou qui a très tôt reproché à la Lettonie de ne pas satisfaire les exigences de sa population russophone en matière de langue, de citoyenneté et d’intégration. La Lettonie compte 44 p. 100 de résidents russophones — dont 34 p. 100 sont d’origine russe — et 52,5 p. 100 de résidents d’origine lettone. La loi lettone sur la citoyenneté longtemps débattue a été adoptée tardivement (le 22 juillet 1994) après de nombreuses mises en garde de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et du Conseil de l’Europe. Ce dernier a finalement accepté la Lettonie en son sein le 6 février 1995 après l’abandon par le Saeima des quotas de naturalisations que le Parti des conservateurs avait tenté de faire adopter. En 1995, 72 p. 100 des résidents étaient citoyens lettons. Le Parlement a adopté le 12 avril la loi sur le statut de près de 28 p. 100 de la population, les anciens citoyens soviétiques qui n’ont pas la nationalité lettone. À moins d’une manipulation extérieure, le risque de conflit ethnique était relativement faible quatre ans après la restauration de l’indépendance malgré les tensions internes et malgré les menaces de la Russie, qui brandit le concept d’«étranger proche», use de la dépendance de la Lettonie en matière énergétique et applique des droits de douanes prohibitifs à l’importation des produits lettons.Les mesures visant à l’instauration de l’économie de marché se sont succédé. Du fait des bouleversements qui ont affecté les réseaux d’approvisionnement en matières premières de l’ex-U.R.S.S., la Lettonie a très vite ouvert son marché aux autres pays riverains de la mer Baltique et, plus généralement, aux Occidentaux. Mais pour ses approvisionnements en énergie elle dépendait encore en grande partie de la Russie, qui restait son premier partenaire commercial. En 1994, les importations provenaient surtout de cette dernière, d’Allemagne, de Finlande, de Lituanie et d’Estonie. La Lettonie exportait essentiellement vers la Russie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède, l’Ukraine et la Lituanie. La France n’était que son neuvième fournisseur — de produits agricoles principalement — et son quatorzième client. Plus que l’Estonie et que la Lituanie, la Lettonie est une ouverture sur le marché russe pour les Occidentaux. Mais la balance commerciale négative a accompagné, comme en Lituanie et en Estonie, une chute constante de la production. La croissance a été négative jusqu’en 1994 (– 2,2 p. 100) et le taux de chômage réel se montait à 6 p. 100 de la population active. L’endettement de l’État s’élevait en 1994 à 8 p. 100 du P.I.B. À l’été de 1995, une crise du système bancaire devait aboutir à la faillite de plus d’une dizaine de banques privées, trop nombreuses pour un si petit marché. La Lettonie a su réduire son inflation, passant de 956 p. 100 en 1992 à 26,3 p. 100 en 1994. L’évolution vers l’indépendance économique est passée aussi par sa réforme monétaire et par l’introduction le 30 juin 1993 de sa monnaie nationale le lats, indexé à partir de février 1994 sur les droits de tirage spéciaux et convertible sur le marché intérieur.
Encyclopédie Universelle. 2012.